Appel lancé au roi des Pays bas et au Vatican : Aidez-nous à retrouver les enfants juifs adoptés par des chrétiens pendant la Shoah
27/01/2020Dans le contexte des événements marquant le 75e anniversaire de la libération du camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau, l’organisme Yad Lea’him s’est tourné vers le roi Willem-Alexander et vers le pape François au moyen de lettres émouvantes les appelant à exhorter les croyants chrétiens à révéler la vérité aux enfants juifs qui ont été confiés par leurs parents à des familles chrétiennes et qui n’ont pas été réintégrés au sein de la communauté juive après l’Holocauste.
C’est une question douloureuse dont Yad Lea’him s’occupe depuis une quinzaine d’années, mais à part des mesures mineures, aucune action réelle n’a été entreprise par les organes impliqués tels que le Vatican ou le gouvernement néerlandais.
Dans une lettre adressée au roi des Pays-Bas, l’organisme a déclaré, entre autres : « A la lumière de votre visite en Israël pour marquer le 75e anniversaire de la libération du camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau, et attendu que le sujet de la Shoah vous tient à cœur, nous vous contactons à propos d’une question importante et sensible liée au sort de notre peuple durant la maudite Shoah.
Comme vous le savez, pendant l’Holocauste, de nombreux parents juifs ont confié leurs enfants aux partisans qui les ont remis à des familles chrétiennes néerlandaises pour les protéger des nazis. Aux Pays Bas, l’organisation gouvernementale: O.P.K – Commission van Oorlogspleegkindren a effectué un recensement des jeunes Juifs orphelins de la Seconde Guerre mondiale. L’OPK n’a pas partagé ses listes avec la communauté juive pour que cette dernière ne cherche pas par la suite à extraire les enfants de leur environnement étranger. L’OPK a même déterminé arbitrairement lesquels d’entre eux était juifs et en a répertorié d’autres comme chrétiens – par exemple les enfants baptisés et convertis au christianisme pendant ou après la guerre, lorsque le père était chrétien et la mère juive, ou les enfants issus de parents considérés comme non religieux ».
L’organisation souligne que, contrairement aux autres gouvernements européens, il existe aux Pays-Bas une liste précise des enfants adoptés, mais malgré l’intervention d’un comité gouvernemental tenu plusieurs années après la guerre, rien n’a été fait, en dépit des cris de protestation de la communauté juive.
« Le comité du gouvernement néerlandais, créé quelques années après la guerre, a décidé que, contrairement à la tradition du droit néerlandais de la famille selon lequel chaque enfant devrait être éduqué selon la croyance de ses parents décédés, chaque décision dépendrait de la situation de l’enfant. À leur avis, l’état physique et psychologique était le seul principe directeur en matière de placement familial ».
Un appel similaire a été lancé au Vatican, car le pape Pie XII n’a pas permis le retour des enfants juifs placés dans des monastères ou adoptés par des familles chrétiennes dans leur propre famille et au sein de leur peuple après l’Holocauste.
Les deux lettres se terminent par une même requête, agir avant qu’il ne soit trop tard: « Continuer à priver ces enfants et leurs descendants de leur famille et de leur peuple prolonge leur souffrance et la souffrance du peuple juif et sert de victoire aux nazis, qui ont cherché à exterminer notre peuple. Chaque année, des milliers de survivants de la Shoah meurent et le temps nous manque pour rendre enfin justice à ces enfants et à leurs parents qui sont morts uniquement parce qu’ils étaient Juifs. Ces mêmes parents qui, alors qu’ils se dirigeaient vers une mort certaine, ont fait confiance aux familles adoptives pour restituer leurs trésors – leurs enfants bien-aimés – à leur peuple et à leur foi ».
L’organisme ajoute: «Au travers de cet appel, nous sommes là pour toutes les familles qui ont été brutalement assassinées, laissant leurs enfants seuls au monde car elles ne sont pas revenues du plus grand massacre de l’histoire de notre peuple. Nous vous demandons de répondre à notre requête et de prendre des mesures pour révéler leur véritable identité à ces orphelins de la Shoah avant qu’il soit trop tard ».