Dina bat Léa et ses deux plus jeunes enfants ont été délivrés de Tul Karem
11/07/2012Dina a vu le jour il y a 48 ans dans une famille juive traditionaliste de Lod. Dans sa jeunesse, elle a souffert de profonds problèmes psychologiques qui l’ont menée à son mariage avec un jeune palestinien, suite à quoi ses parents et ses proches coupèrent toute relation avec elle.
Pendant 25 ans, Dina bat Léa a vécu dans un village arabe isolé de la région de Tul Karem. Pas un membre de sa famille ne savait où elle se trouvait. Au fil des années, Dina a été déclarée disparue par les autorités israéliennes. Ses parents, furent un jour appelés au département de médecine légale d’Abou Kabir pour identifier un corps qui aurait pu être le sien. L’identification n’ayant pas été concluante, les parents de Dina, accablés, perdaient peu à peu l’espoir de percer enfin un jour le mystère de la disparition de leur fille.
Il y a trois semaines, Dina a subitement pris contact avec l’une de ses proches, premier signe de vie qu’elle donnait après 28 ans de coupure totale. Cette personne téléphona immédiatement au centre d’appels d’urgence de l’organisme Yad Lea’him et indiqua que Dina vivait en captivité depuis toutes ces années. Elle transmit le numéro de téléphone de cette dernière, ainsi que toutes les informations qu’elle avait en sa possession. Les activistes de l’organisme ressentirent une émotion spéciale en prenant connaissance de son nom, Dina bat Léa, patronyme qui faisait depuis si longtemps frissonner tout celui qui l’entendait.
Les renseignements récoltés par Yad Lea’him s’avérèrent particulièrement horrifiants : Dina souffrait de terribles violences depuis de longues années. Les assistantes sociales de l’organisme, malgré leur expérience, n’avaient jamais entendu parler de tels sévices. Récemment, la brutalité de son mari avait atteint son apothéose. Il l’avait punie en l’attachant à un arbre pendant 13 heures, interdisant à toute personne de l’approcher même pour lui proposer à boire. « Ainsi, tout le monde sera témoin de ce qui t’arrivera si tu oses encore une fois sortir sans ma permission » lui a-t-il déclaré, furieux. Lorsque les activistes de Yad Lea’him sont parvenus à la contacter, Dina les a implorés de l’aider : « Je n’en peux plus. Je vous en supplie, sauvez-moi d’ici. Ramenez-moi à mon peuple et à ma terre natale ».
Yad Lea’him a alors commencé l’élaboration d’un plan de sauvetage pour cette femme et ses deux plus jeunes enfants, âgés de 8 et 10 ans, en attendant de pouvoir s’occuper également des frères et sœurs plus âgés qui allaient rester pour le moment au village. Des relations avec un officier supérieur du bureau de liaison et de coordination engendrèrent l’émission d’une autorisation de séjour, et les soldats du barrage militaire reçurent des directives spéciales pour laisser passer le véhicule de secours.
L’occasion se présenta cette semaine, lundi matin. La veille, Dina avait reçu un merveilleux cadeau de la part de son mari, la somme de 12 shekel qui devait servir à payer un taxi pour rallier Tul Karem. En effet, elle l’avait persuadé de la laisser sortir pour soit disant se rendre à un rendez-vous médical avec ses enfants.
Conformément aux directives qu’ils avaient reçues, Dina et ses enfants sont montés dans le taxi et ont quitté le village en direction de la ville voisine. Deux minutes plus tard, ils sont descendus du taxi et se sont engouffrés dans le véhicule de secours qui les attendait au bord de la route. Ils se alors sont mis en route pour le barrage, à une heure de là.
Dina avait reçu la consigne d’appeler depuis un téléphone cellulaire pour prévenir qu’elle était bien montée dans le taxi. A cet instant même, tous les activistes de Yad Lea’him ont immédiatement interrompu leurs occupations pour réciter des chapitres de Téhilim en faveur de Dina bat Léa et de ses deux enfants, conformément aux recommandations faites en son temps par le président fondateur de l’organisme, Rabbi Chalom Dov Ber Lifshitz z »l.
Lorsque les soldats en faction au barrage militaire ont transmis le message suivant : « Nous les voyons approcher! », un grand soulagement a envahi toute l’équipe. Quelques minutes plus tard, le véhicule de secours a franchi la frontière pour s’arrêter quelques mètres plus loin. Dina et ses deux enfants ont jailli du véhicule. Elle a éclaté en sanglots, ses larmes de joie se mêlant à des larmes de souffrance et d’inquiétude. La liberté lui tendait enfin les bras, après 25 ans de désespoir. Mais qu’adviendra-t-il de ses enfants restés au village, loin de leur mère et de leur peuple ?
Des assistantes sociales les ont accueillis à leur arrivée. A la tête de l’équipe se trouvait S., qui avait été en contact téléphonique permanent avec Dina ces dernières semaines, sous le nez de son cruel mari. Cette dernière rapporta qu’alors qu’ils se trouvaient dans le véhicule de secours, elle avoua à ses enfants que le chemin qu’ils empruntaient aujourd’hui serait sans retour. Ayant eux aussi vécu l’enfer pendant toutes ses années, ces derniers poussèrent des cris de joie et supplièrent leur mère : « Maman, promets-nous que nous ne retournerons jamais là-bas ! »
Alors qu’ils se désaltéraient et se remettaient lentement de leurs émotions, Dina retira sa djellaba et son voile, priant un membre de l’équipe de bien vouloir « jeter ça à la poubelle ». Elle perdit ainsi en un instant son apparence de musulmane et retrouva son vrai visage, celui d’une femme juive qui s’était perdue, mais qui faisait désormais ses premiers pas vers ses origines. Personne, pas même les soldats endurcis chargés des contrôles, ne put rester insensible à ce moment d’émotion intense.
Par la suite, Dina a été longuement interrogée par la police pour témoigner contre son mari musulman. Au terme de cet interrogatoire, les policiers ont porté plainte auprès du commissariat de Tul Karem contre cette « bête sauvage » qui sévissait dans son territoire. Personne ne s’imaginait que cette plainte aurait le moindre impact dans le village arabe ; cependant, cette démarche était indispensable pour que la police soit en droit d’arrêter cet homme au cas où il oserait s’infiltrer en territoire israélien.
Dina et ses enfants habitent aujourd’hui dans un appartement secret et protégé dans le centre du pays. Yad lea’him a déclaré cette semaine : « Le processus de rétablissement de Dina et de ses enfants sera long. Aujourd’hui, nous leur offrons beaucoup de chaleur humaine, nous leur fournissons tout le matériel nécessaire à leur nouvelle vie et nous marchons à leurs côtés, pas à pas, dans leur chemin de retour vers le peuple juif. »
Yad Lea’him a loué les actions du ministre de l’intérieur, le Rav Eliyahou Ichaï, pour son aide dans les démarches bureaucratiques qui ont précédé le sauvetage. « Le sauvetage qui a eu lieu cette semaine » a précisé Yad Lea’him, « illustre une nouvelle fois le sort de milliers de jeunes filles d’Israël qui se trouvent en ce moment même emprisonnées dans des villages arabes et qui revendiquent leur libération. Nous persévérerons dans nos efforts et ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour les libérer de cet enfer. Et d’autre part, nous poursuivrons nos actions préventives pour enrayer ce terrible phénomène ».